Un élevage pastoral

Bergers nomades, passionnés, nous œuvrons chaque jour à élever nos animaux dans le respect de la Terre et du Vivant.

Notre principe premier, nous inspirer de la Nature. Les herbivores (rennes, bisons, gnous) migrent spontanément au fil des saisons, afin de bénéficier de la meilleure végétation au meilleur moment. De même, nous menons une vie nomade pour offrir à nos brebis la meilleure herbe à chaque instant. L'été, quittant la plaine grillée par le soleil, nous transhumons dans la fraicheur des alpages, à Chamechaude, en Chartreuse. L'automne, chassés de l'estive par les premières neiges, nous descendons pâturer dans des montagnes de plus basse altitude, à Montbrun-les-Bains, dans les Baronnies Provençales, en Drôme ; des coteaux secs et rocailleux. Puis fin janvier, une fois la végétation grillée par le gel hivernal, nous transhumons avec le troupeau, à pied (50 km en 5 jours, toute une aventure...), jusque dans la vallée du Rhône, pour y pâturer des vignes conduites en Agriculture Biologique par de petits vignerons indépendants. Nous y restons jusqu'à la montée en alpage... Ainsi, nos brebis pâturent dehors toute l'année : ni enfermées des mois durant en bergerie, ni complémentées en fourrages, en grains ou en aliments du commerce. De l'herbe, juste de l'herbe, la meilleure alimentation qui soit.

Notre second principe, nous inscrire dans les marges. L'élevage industriel des ruminants a un impact environnemental désastreux. Il s'appuie entre autres sur l'importation de soja sud-américain issu de la déforestation et la production en France de maïs-ensilage sur de précieuses terres arables. Nous, nous proposons un contre-modèle : pour nous, l'élevage ne doit pas accaparer les terres les plus fertiles, mais valoriser les marges. Les marges que nous pâturons, ce sont les pelouses d'alpage et les landes des collines d'automne, où aucune culture n'est possible mais où seuls un berger, son chien et son bâton peuvent mener des bêtes. Les marges, ce sont aussi les interstices entre les rangs de vignes, autrement souvent détruits à l'herbicide dans les systèmes conventionnels. En pâturant ces délaissés, comme l'ont fait nos prédécesseurs depuis des millénaires, nous cultivons notre place dans ces écosystèmes, dont nous sommes au final, des acteurs parmi d'autres. Formant ainsi des communautés hybrides où évoluent en harmonie humains et non-humains. Au fond, c'est cela, ce qu'on appelle le pastoralisme.

Notre troisième principe, nous dévouer à nos animaux. Avant toute chose, il s'agit de respecter leur naturalité : nos brebis évoluent en plein air intégral et pâturent dehors toute l'année. Nos agneaux sont élevés sous la mère, nourris exclusivement au lait maternel et à l'herbe qu'ils pâturent. Nous refusons d'engraisser aux céréales nos agneaux, qui sont, rappelons-le, des ruminants (les céréales ne participent pas à la rumination). Aussi, en mangeant exclusivement de l'herbe dehors et non du grain en bergerie, leur croissance est bien plus lente : au moins six mois au lieu de trois, avant d'être prêts pour être consommés. Mais nous avons le temps, n'est-ce pas ?! Car il devient urgent de ralentir...